Gelbressée : Connaissons-nous !


Village admirable de quelque 500 âmes, à 10 km à peine du centre ville, aux maisons typiques et riantes dans un décor paisible et serein, Gelbressée nous a séduits.

Le nom du village

Gelbressée viendrait de Gillebreceez, nom des seigneurs qui auraient habité un manoir qui s'élevait jadis à proximité de l'église.  A son tour, le village aurait laissé son nom au ruisseau qui le traverse.

Notons à ce propos qu'autrefois le ruisseau était connu sous la dénomination "La Marca" (ce qui signifie "limite, frontière"), appellation qu'il perdit après l'avoir transmise à deux localités : Marchovelette où il prend sa source et Marche-les-Dames qu'il traverse avant de se jeter dans la Meuse.

Les intempéries n'ont pas altéré le charme de ce paisible chemin de campagne


Ferme et vieilles maisons en moëllons...

... au pied de la butte où se dresse l'église séculaire

Le village

Gelbressée est un village à la fois charmant et très intéressant pour l'homogéneité architecturale qui le caractérise.

Fermes et vieilles maisons en moëllons sont groupées au pied de la butte où se dresse l'église séculaire. Les murailles du cimetière et les tilleuls aux troncs noueux viennent la couronner.

A l'ouest du village, une importante levée de terre artificielle semble confirmer la présence de la dernière avancée du camp retranché de Don Juan d'Autriche appelé "fort Michy".

A l'est, le bois d'Ambraine traversépar le ruisseau de Franc-Waret offre un vallon pittoresque.

L'église Notre-Dame

L'église remonte à de lointaines origines puisque sa tour romane est datée du XIIième siècle et que le choeur fut édifié aux XIVième siècle.

On reconstruisit les autres aprties de l'édifice au XVIième siècle.

Sur le porche classique, on peut lire "17 Anno Domini 70", date à laquelle le Comte de Groesbeeck, Seigneur de Franc-Waret, dont le châteause trouve dans le village voisin, y apporte certains aménagements.

Remarquons à l'intérieur les belles dalles funéraires, les autels latéraux d'esprit Louis XIV ainsi que le maître-autel repeint en 1958 par un artiste namurois bien connu, L.M. Londot. L'église Notre-Dame est classée par A.R. du 01-02-1937.

L'église Notre-Dame et sa tour romane
datée du XIIième siècle

Dans la cour de la Ferme du Tilleul, le puits et une bâtisse du XVIIième siècle

L'instituteur raconte...

La carrière do Bierdji et le Tchafor de Gelbressée

Depuis des siècles, les carrières de la Meuse sont réputées dans toute la région et même à l'étranger.

L'exploitation du calcaire s'écartant parfois de la vallée contribue aussi au développement de modestes villages de l'arrière pays.

Il en fut ainsi à Gelbressée pendant une partie du XIXième siècle.

C'est vers 1855 qu'un nommé François Jadoul ouvrit la carrière do Bierdji (du berger) le long de la route de Marche-les-Dames, face au "trou des Nutons".

Plusieurs ouvriers de la localité y étaient occupés.

A Gelbressée, la pierre se débitait par blocs assez longs, les bancs en déclivité se présentaient en couches épaisses que l'on détachait une par une.

Les ouvriers en taillaient des montants de portes, des pavements ou seuils de maisons, des auges de fermes,…

Parfois la pierre était exportée sous forme de pièces de bordures de rues.  De Marche-les-Dames, elles étaient transportées par bateau vers La Haye.

Les déchets laissés par la taille de la pierre étaient portés, jusqu'aux fours à chaux par les créquions (sobriquet signifiant "grillon" donné aux gamins travaillant à la carrière) poussant les wagonnets.

La chaux de Gelbressée était vendue dans le Brabant wallon et même à Louvain, régions déshéritées à ce point de vue.

 

Deux légendes

Les personnes âgées de Gelbressée racontent qu'à la veille de la bataille de Waterloo, Napoléon vint à passer par la localité.

Il s'installa dans une ferme nommée "li cins di l'Impereur" (la ferme de l'Empereur). il reçut les autorités du village et celles-ci lui offrirent ainsi qu'aux officiers de sa suite, de la bière du pays. Napoléon la trouva excellente et s'enquit du nom du fabriquant. Le maître brasseur de l'endroit se présenta et, ne panquant pas d'esprit, répondit à l'Empereur : "D'jel bressée mi-même" (je la brasse moi-même).

Adminateurs de Napoléon, nos aïeux le voyaient partout : il l'ont fait passer par Gelbressée.

Malgré la joliesse de ce récit, nous sommes obligés de convenir que les événements historiques de l'époque démentent catégoriquement la véracité de cette histoire.

 

Depuis des temps très reculés, on vénère en paroissiale de Gelbressée, une Vierge miraculeuse.

La statue est du XVième siècle ou du XVIième siècle.

Petite, taillée en plein bois, elle garde des traces de polychromie. D'après la légende, elle fut trouvée par une vieille femme qui fagotait dans la forêt. Cependant qu'elle entassait branche après branche, l'aïeule s'aperçut - ô surprise ! - qu'une souche ressortait obstinément du faisceau. Dix fois, elle a repoussé du pied le bois récalcitrant. La pauvre vieille n'y voyait guère : elle se penche... elle veut saisir le coupable pour le contraindre à se joindre au fagot; mais étonnée, elle recule : au lieu d'une bûche, c'est une statuette de Vierge au sourire ineffable qui git là et qu'elle rapporte au village en criant au miracle.

Nul n'a jamais su les origines de cette sainte image ni le nom de l'artiste qui la façonna.

 

Laissons parler un Gelbressois... ou un Gelbresséen !

Monsieur Fontaine, homme affable et courtous s'il en est, s'est prêté avec bienveillance à notre petit jeu de questions et réponses.

Monsieur Fontaine, êtes-vous Gelbressois ou Gelbreséen ?

- Je vous assure, cher Monsieur, que je n'en sais rien et n'ai jamais cherché à le savoir.
Mais "Gelbressois" est le plus souvent usité.

Qui êtes-vous Monsieur Fontaine ?

- Un vieux Gelbressois de 61 ans et je dirais même, un "paysan" fier de l'être.
Je suis né à Gelbressée. J'y ai grandi. J'y suis toujours heureux, d'ailleurs ça se voit, n'est-ce pas ?
Dans 4 ans, je compte bien y vivre une paisible retraite. Mes arrière-grands-parents, tant paternels que maternels, ont vécu à Gelbressée.
Le père de ma grand-mère paternelle fut même le premier instituteur du village.
Vous comprenez que j'ai trop d'attaches pour vivre ailleurs.

Peut-on dire qu'ici, on se sent vraiment Namurois ?

- Vous savez très bien que rien n'empêchera jamais les gens de dire qu'ils sont Jambois, Malonnois ou Wépionnais. C'erst très bien ainsi. Chacun doit garder sa personnalité et son caractère propre. Mai il est en tout cas primordial que tous fassent l'effort pour que se réalise la nouvelle entité "NAMUR" et dans les faits et dans les coeurs.
Lorsqu'on discutait les projets de fusions, sachez qu'à Gelbressée, il s'est dégagé une très large majorité pour le rattachement à Namur.
Vous me rétorquerez peut-être que c'était la solution la plu sage.
En effet, notre commune était pauvre, très pauvre. Et c'est évidemment ce que l'on appelait alors le "Grand Namur" qui semblait le plus apte à satisfaire ses besoins.

Il semblerait donc que les fusions vous aient apporté des avantages ?

- C'est indiscutable. Avant, disons le mot, c'était la misère noire.
Nos seules ressources provenaient uniquement du Fonds des Communes et des maigres taxes communales classiques (additionnelles, immondices, autos, motos, vélos et... divers). Nous étions incapables de surmonter notre "médiocrité".

Pouvons-nous avoir quelques exemples tout à fait concrets ?

- Bien sûr. Jadis, nos immondices étaient enlevées deux fois par mois. Maintenant, elles le sont toutes les semaines, à notre grande satisfaction.
Nos travaux de canalisation sont pratiquement terminés. Sans les fusions, quand l'auraient-ils été ?
L'aménagement de la rue du Bosquet est prévu au budget 1979. L'entretien de lavoirie est nettement plus satisfaisant qu'auparavant.
Nos enfants bénéficient d'un "confort" que l'on aurait jamais pu imaginer du temps des écoles communales de Gelbressée. Je n'insisterai que sur l'entretien ponctuel des bâtiments et du matériel didactiques, les séjours annuels de nos enfants en classe de verdue à Spa (la Fraineuse), la pratique de la gymnatique, des sports, les récréations culturelles, le ramassage scolaire, et j'en passe...
Par ailleurs, on envisage même la construction d'un petit centre socio-culturel.

Et les inconvénients ?

- Pour être vraiment sincère, je pense qu'à Gelbressée on en connaît peu.
je ne vais quand même pas vous parler du délai pour l'obtention d'un permis de bâtir, l'on construit si peu à Gelbressée.
Mais il est vrai qu'il faut parfois attendre deux mois, alors que 15 jours suffisaient auparavant.
Non, l'inconvénient majeur, et c'est celui qui est, à mon avis, le plus rencontré par notre population, c'est que celle-ci ne peut plus obtenir n'importe quoi dans l'heure qui suit, par exemple des documents administratifs.
Mais soyons sérieux. S'agit-il d'un gros inconvénient et y a-t-il telle de choses réellement "urgentes" ?

On a l'impression que Gelbressée est peut-être un havre de paie, mais surtout un village mort. Qu'en pensez-vous ?

- Le soudain mélange des âges, des aspirations, des mentalités, des conditions sociales qui s'est surtout produit depuis la fin de la deuxième guerre mondiale en est certainement la cause.
Il ne faut pas oublier non plus, le petit nombre d'habitants ni l'absence totale, actuellement, d'une infrastructure socio-culturelle.
Il y a bien le Gelticlub, un vaillant groupe de jeunes, mais à qui il est difficile de toujours se surpasser et de réaliser l'impossible... !
Il est évident qu'à Gelbressée, comme aurait dit Jacques Brel, "ces gens là, Monsieurs, ne sortent pas...".
Je pense qu'ils trouvent leur petit bonheur chez eux dans le calme et la détente. C'est leur droit le plus strict. Il y a aussi des gens qui vivent ici épisodiquement dans une seconde résidence.
Savez-vous que sur plus ou moins 150 habitations, on compte 10 % de deuxièmes résidences. C'est énorme.
Mais notre petit coin est si joli !

Est-ce vrai qu'entre 1960 et 1970, il n'y avait pas de garde-chamêtre à Gelbressée ?

- C'est bien exact et ce fut par réel souci d'économie.
Avant 1960, notre garde champêtre était Victor MATHY. Ancien ouvrier des verreries d'Herbatte, il fut agent de police à Namur et devint Bourgmestre avant la guerre. Il est décédé à l'âge de 81 ans.
C'était une "figure" de notre village.
Intelligent (peut-être parce que célibataire) il était affable et serviable.
Il aimait "la rigolade" et... le petite goutte.

C'était un vrai Namurois, en quelque sorte ?

- Peut-être. Mais si tous les Gelbressois ne se sentent pas encore de vrais Namurois, cela n'a qu'un importance toute relative.
Le tout est de savoir ce que l'on entend par se sentir Namurois... Namurois dans la nouvelle entité où se mêlent plus ou moins 50.000 citadins et 50.00 villageois.
Y en a-t-il beaucoup dans l'ex-Namur ?
La question mérite réflexion.

Gelbressée : un havre de paix !

 

Article extrait du périodique d'informations communales de Namur : "Namur 100.000" n° 2 - Avril 1979
avec l'aimable autorisation de la ville de Namur


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